01/03/12

Expo Tobeen à Bordeaux au Musée des Beaux-arts

Tobeen - Un poète du cubisme
Musée des Beaux-arts de Bordeaux

8 juin - 16 septembre 2012

L'oeuvre de Félix-Elie Bonnet dit TOBEEN (Bordeaux, 1880-1938,  Saint-Valery-sur-Somme) est celle d'un peintre fortement imprégné de ses origines bordelaise qui participe activement au renouvellement artistique mené par les avant-gardes qui sont les acteurs de la naissance de l’art moderne.

Né à Bordeaux en 1880, Tobeen fait partie du cercle du collectionneur et mécène Gabriel Frizeau. Il gardera des liens d'amitié avec certains de ces intellectuels et artistes entourant l'esthète bordelais, comme le critique Olivier Hourcade et surtout André Lhote avec qui il partage très vite un grand intérêt pour le cubisme.

Tobeen TOBEEN (1880-1938)
La nageuse, Collection privée
Courtesy Musée des Beaux-arts de Bordeaux

Il s'établit à Paris en 1907 et fréquente les artistes regroupés à Montparnasse, à la Ruche, foyer de l’avant-gardisme parisien, où il trouve un premier atelier. Cette même année, Pablo Picasso peint Les demoiselles d'Avignon et sonne le coup d'envoi du cubisme. Tobeen est aussi un proche du cercle de Puteaux, côtoyant Jacques Villon, Metzinger, Gleizes et prêche, comme eux, pour un art dont le "sujet devenait le métier" (Jacques Villon).

Dès 1911, il expose à Paris, au Salon des Indépendants dans la salle des cubistes. Mais c'est en 1912 qu'il se fait remarquer, au Salon de la Section d'Or où il présente onze oeuvres en compagnie du groupe qui, sous l'impulsion de Picabia, déferle rue de La Boétie, avec les grands noms de l’art moderne que sont Metzinger, Juan Gris, Gleizes, Marcel Duchamp, Marcoussis, Picabia, Fernand Léger, André Lhote ou encore Jacques Villon et Alexandra Exter.

Son oeuvre qui rencontre alors un grand succès est Les Pelotaris, déjà présentée au Salon des Indépendants de 1912 et acquise par le critique d'art Théodore Duret. Quant au critique du Mercure de France, Gustave Kahn, il juge le peintre "compréhensif, robuste, sculptural, dans ses Pelotaris".

Autre oeuvre remarquable, Le bassin dans le parc de 1913, acquise par Gabriel Frizeau et donnée au musée des Beaux-Arts de Bordeaux par son fils Jean en 1947. Tobeen pousse le cubisme jusqu'à l'abstraction, tout en suggérant, grâce à une touche légèrement mouchetée, les variations de lumière irisant un point d'eau. Guillaume Apollinaire, dans ses commentaires du Salon des Indépendants de 1913, note ses « efforts fervents vers le beau ».

La même année, Tobeen est sélectionné avec trois oeuvres à l’Armory show de New York, Chicago et Boston.

De cette phase cubiste, Tobeen conservera une vision synthétique de la nature qu'il appliquera aussi à la scène de genre et aux portraits. Il ne se départira pas de cette vision de constructeur, qu’il adoucit d’une touche mouchetée qui confère à ses oeuvres, notamment à ses bouquets, un aspect velouté captant la lumière dans une douce sensualité.

La fracture de la première Guerre mondiale entraîne, comme chez beaucoup de ses confrères, un abandon de l’avant-garde artistique. Mais l’adoption d’une figuration qui doit au cubisme une structuration de l’espace et une synthèse des formes maintient l’oeuvre de Tobeen dans la modernité.

Cette exposition rétrospective constitue un événement important dans la mesure où il s'agit de la première consacrée à l'artiste.  Elle comprend une centaine d’œuvres, paysages, portraits, scènes de genre et natures mortes. Ces oeuvres proviennent d’institutions publiques ou de collections particulières de France, des Pays-Bas et de Belgique. Tobeen - Un poète du cubisme ne manquera pas de séduire par les thèmes mêmes que l'artiste aborde, notamment sa série consacrée au Pays Basque. Dans des gestes rituels, les pêcheurs ramènent le poisson, les femmes ravaudent les filets alors que dans le lointain brille le petit port de Socoa. Aucune mièvrerie dans cette peinture, mais une construction rigoureuse de rythmes géométriques que couleurs et matière harmonisent selon un songe intérieur. "La peinture doit être architectonique, décorative d'une surface sans recherche imitative, mais suggestive" écrit le peintre.

L'exposition Tobeen a été proposée au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux par deux chercheurs néerlandais, Edo et Rosella Uber. Les Musées des Pays-Bas sont en effet riches en oeuvres de l'artiste qui, de son vivant même, a exposé tant à Amsterdam, Rotterdam qu'à La Haye. Après sa présentation cet été  à Bordeaux à la galerie des Beaux-Arts, Tobeen - Un poète du cubisme sera exposée cet automne 2012 au musée Flehite à Amersfoort, aux Pays-Bas.

MUSEE DES BEAUX-ARTS DE BORDEAUX : www.bordeaux.fr