18/03/10

Marion Tampon-Lajarriette, Lost Horizon, Galerie Dix9, Paris

MARION TAMPON-LAJARRIETTE : LOST HORIZON
Galerie Dix9, Paris
18 mars - 30 avril 2010

Puisant dans le répertoire d’images préexistantes, qu’elles soient fixes ou en mouvement, l'artiste Marion Tampon-Lajarriette procède par déconstruction pour donner forme à d’autres images et ouvrir sur un autre champ de possibles. Ce travail s’inscrit souvent dans la dialectique cinéma / art contemporain, où l’artiste explore les oeuvres marquantes du cinéma moderne - de Hitchcock à Chris Marker en passant par Tarkovsky. Perçu comme objet spatio-temporel, le film est ainsi déconstruit selon un registre de formes : mouvements de caméra, regard caméra, plan séquence, mise en place du décor, usage d’effets spéciaux... En autonomisant certains de ces éléments, l’artiste s’éloigne de l’emprise scénaristique et nous entraîne vers un hors-champ infini de l’image. 

Pour son exposition  à la Galerie Dix9, Marion Tampon-Lajarriette présente un ensemble inédit de vidéos et de photographies. « Lost horizon » marque une nouvelle étape dans son travail de réactivation d’un imaginaire cinématographique et se place sous le signe du vertige : plongée au coeur de la matière de l’image, chute vertigineuse et perte de repères. 


MARION TAMPON-LAJARRIETTE, Stream, 2008
Installation vidéo couleur, 10’ (boucle), muet
Courtesy galerie DIX9, Paris

MARION TAMPON-LAJARRIETTE, STREAM, 2008 - Plaque tournante du dispositif, l’installation vidéo Stream évoque le milieu dans lequel l’artiste Marion Tampon-Lajarriette travaille comme vidéaste - celui mouvant du numérique où l’image est destinée à être sans cesse décomposée et recomposée dans sa matière même : le pixel. Cet écoulement de pixels au fux à la fois continu et chahuté présente des mouvements parfois contradictoires qui font s’entrechoquer différents courants. Le tout bouillonnant se réassemble toujours dans un perpétuel jeu de courants et contre-courants. Cette vidéo à été passée par toute une chaîne de compressions et autres formatages, depuis son enregistrement jusqu'à son téléchargement, en passant par les aléas des conduits du net. L’objet final, un amas de particules-pixels, est le résultat de toute cette « vie numérique ».



MARION TAMPON-LAJARRIETTE, îles/elles, 2010
Vidéo noir et blanc, son stéréo, 10’50’’
Courtesy galerie DIX9, Paris

MARION TAMPON-LAJARRIETTE, ÎLES / ELLES, 2010
Procédant par incrustation de nouvelles figures au sein de plans cinématographiques mis en suspens, la vidéo « îles/elles » propose une promenade virtuelle dans des lieux insulaires, lieux où se sont perdus des personnages féminins. Une silhouette énigmatique arpente des paysages figés dans leur désertitude. Ses va-et-vient se dessinent comme décollés à la surface de ces images ; décors cinématographiques d’îles dans lesquelles des personnages de fiction se sont perdus au cours de leur histoire. Le marcheur appartient visiblement à un autre registre d’images ; un autre monde qui pourrait être celui du spectateur et non celui du protagoniste. Ce marcheur semble avoir été plongé, incrusté dans ces lieux de l’imaginaire où tout ce qu'il reste de la narration passée est l’errance et le souvenir de ces décors. Ces déambulations virtuelles sont une nouvelle invite au spectateur à hanter les images de son propre espace imaginaire pour s’y laisser perdre à son tour.


MARION TAMPON-LAJARRIETTE, Les Spectateurs, 2010
Tirage lambda couleur, 65x120 cm
Courtesy galerie DIX9, Paris

MARION TAMPON-LAJARRIETTE, LES SPECTATEURS, 2010 - La chute libre de personnages au sein de décors au point de vue vertigineux est une figure récurrente du cinéma. Cet effet visuel, qui correspond souvent à un moment clef de dénouement dans le récit, pourrait aussi être perçu comme une représentation possible de la relation complexe liant l’image et son regardeur. Immersion par projection dans le film et identification aux personnages côtoient la distance infranchissable qui sépare le regardeur de cet « autre monde » des images. Ces deux mouvements antagonistes, implication et distanciation, se rejoignent au sein de l’espace psychique du spectateur. Si certaines images le pénètrent, il se les réapproprie selon un processus de sélection et de transformation propre à sa mémoire intime.

L’artiste Marion Tampon-Lajarriette poursuit ainsi son exploration des décors de fiction comme lieux d’errance, les histoires qui y étaient contées ouvrant soudain le champ à mille autres récits en leur sein. Mises en abîme et déambulations virtuelles sont une nouvelle invite au spectateur à hanter et finalement à se perdre dans les images de son propre espace imaginaire. Marion Tampon-Lajarriette est née en 1982 à Paris. Elle vit et travaille à Paris et Genève.

GALERIE DIX9, PARIS
www.galeriedix9.com